Les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) battent l’actualité depuis quelques mois. Les politiques débattent, les jeunes marchent et les scientifiques s’affolent. Dans ce contexte, le secteur belge de la construction a-t-il son rôle à jouer ?
La Belgique est-elle un mauvais acteur européen ?
Posons le contexte : en Europe le secteur du bâtiment compte pour 45% de la consommation d’énergie primaire et pour 30% de l’émission total de GES. Si nous prenons un bâtiment moyen européen (tous types confondus), 57% de sa consommation est imputable au chauffage, 25% au chauffage de l’eau et 11% à besoins en électricité.
L’ambition européenne pour 2050 ? 80 à 95% de réduction des GES par rapport au niveau de 1990.
En Belgique, 21,8% des émissions de GES sont liées au chauffage du bâtiment. Cette fraction est plus élevée que la moyenne européenne (18%); un belge consomme 70% de plus que ses voisins allemands, néerlandais et français en énergie primaire pour le chauffage de son habitat. Les raisons sont diverses et variées :
- L’âge du bâti
- Une forte proportion de maisons unifamiliales et monoparentales
- Une isolation thermique peu efficiente.
Pourtant, aujourd’hui, seulement 0,8% de rénovation légère et 0,5% de rénovation lourde sont entreprises par an, en Belgique, dans le but d’améliorer l’efficacité énergétique. On estime que pour atteindre les objectifs européens de 2050, le taux de rénovation globale devrait être de 5% par an avec un standard à 60 kWh/m2/an.
Le marché est grand mais il requiert technique et rigueur : une analyse approfondie des raisons, ambitions et incitants doit être judicieusement menée pour chaque habitation. La rénovation a un coût dont le break even point (seuil de rentabilité) est souvent peu connu. Il n’est pas évident de se rendre compte si rénover est réellement financièrement intéressant; le facteur économique est trop souvent limitant.
Construire en pensant à l’efficacité énergétique des projets, a un rôle prépondérant à jouer. En effet, les bâtiments achevés aujourd’hui seront toujours debout dans 50 ans. Dans un milieu comme celui de la construction, l’impact des mesures actuelles se répercute sur un laps de temps qui se compte en dizaine d’années. C’est pourquoi des opportunités ambitieuses en termes de réduction de consommation se présentent à nous afin de répondre aux objectifs européens.
Pourquoi rénover ma maison ?
Les raisons pour lesquelles rénover sa maison est intéressant sont diverses et multiples…
Les raisons environnementales sont les premières sur la liste. D’instinct, nous pensons à la réduction des émissions de GES. Cette motivation environnementale majeure n’est cependant pas la seule. Rénover son habitat permet de limiter la pollution urbaine, la consommation de ressources naturelles et l’étalement urbain en augmentant la densité urbaine.
Le confort à l’intérieure de son habitat est grandement impacté par son degré de rénovation. Une maison passive permet une régulation de la saisonnalité de la température intérieure. Il fait plus frais en été et plus chaud en hiver que dans une habitation classique. Des systèmes de ventilation intelligents permettent d’éviter la pollution intérieure et l’humidité, tout en maintenant une température constante dans toute la maison. Le confort acoustique peut également être grandement amélioré.
D’un point de vue financier, plusieurs bénéfices sont constatés :
- Économie sur la facture énergétique
- Augmentation de la valeur du bien
- Indépendance par rapport aux prix volatiles de l’énergie (diminution de la précarité énergétique).
En ce qui concerne le retour sur investissement d’une rénovation, une étude sur une maison de maître a, par exemple, montré qu’un optimum était atteint sur 30 ans avec un investissement situé entre 40.000 et 70.000 €.
Pour conclure…
Des projets innovants voient le jour partout dans le pays, menés par des entreprises désireuses de réduire l’impact énergétique de leurs projets. Á l’étranger, des villes pilotes comme Hanovre ont investi massivement dans la réduction de leurs GES et ont constaté de nombreuses améliorations environnementales, sociales (réduction de la précarité énergétique) et économique (création d’emplois).
Les opportunités sont nombreuses et les enjeux sont grands… La proportion de bâtiments passifs dans le stock bâti belge est infime. Pourtant leurs effets ne sont plus à démontrer. Tout ceci ouvre la porte à de nouvelles opportunités pour les maitres d’ouvrage et constructeurs. Êtes-vous prêt à vous lancer dans l’aventure aujourd’hui ?